Les Forces vives de la nation ont dénoncé les insuffisances du régime actuel dirigé par le MPP et ses alliés au cours d’une marche-meeting organisée le 29 septembre 2018 à la place de la Révolution.
Un proverbe de chez nous dit ceci : « Si tu portes un fardeau au-dessus de tes forces, tu finis par le jeter là où tu ne veux pas ». Cela ressemble fort bien à ce qui risque de se produire si le chef de l’Etat ne prend pas des décisions courageuses pour mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut
Que peut –on dire de la situation sécuritaire du pays ces dernières années ?
De janvier 2016 à nos jours, sous le mandat du Président Roch Marc Christian KABORE, le Burkina Faso a connu plus de 100 attaques terroristes causant la mort de 120 personnes et de nombreux blessés. Des éléments des forces de défense et de sécurité en majorité, mais aussi des civils en sont les victimes.
Les attaques terroristes ont fait soixante- neuf (69) victimes dont trente-une (31) parmi les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et trente-huit (38) civils pour la période du 1er janvier au 15 septembre 2018.
Si les militaires, jeunes pour la plupart, sont généralement les plus touchés par ces attaques, force est de constater que les civils eux aussi en font les frais. En effet, dans la nuit du 14 au 15 septembre 2018, neuf (9) citoyens burkinabè ont été assassinés par des hommes armés non identifiés dans plusieurs localités de la région de l’Est. Cette région, jadis épargnée par les attaques terroristes, fait de plus en plus objet d’attaques répétitives. De janvier à la mi-septembre 2018, dix-neuf (19) militaires y ont été tués par des groupes terroristes.
En retour, force est de constater que la réponse apportée par le gouvernement à ces attaques n’est pas à la hauteur des attentes des Burkinabè. Même s’il est vrai que des groupes terroristes ont été démantelés, des attaques déjouées par moment, leur impact sur la situation sécuritaire est marginal et nous avons pour preuve la multiplication des attaques terroristes et leur diversification géographique vers l’Est, le Sud –Ouest et la Boucle du Mouhoun.
Mais qu’en est-il de la responsabilité des ministères de la défense et de la sécurité dans ce qui apparaît comme un échec ?
Le 29 décembre 2016, au Palais de Kosyam, faisant le bilan de sa première année de gouvernance, le Chef de l’Etat révélait sa décision de ne jamais nommer un militaire dans son gouvernement. Aujourd’hui, on peut se poser la question de savoir si cette décision était opportune dans un environnement sécuritaire des plus précaires.
En effet, au cours d’un remaniement ministériel en février 2017, Monsieur Jean-Claude BOUDA était nommé Ministre de la Défense et des Anciens Combattants et Monsieur Clément P. SAWADOGO Ministre de la sécurité. Ils s’étaient tous les deux à l’époque, engagés pour la réorganisation des Forces Armées Nationales pour l’un et des forces de sécurité pour l’autre. Monsieur BOUDA prédisait une guerre sans merci contre le terrorisme, allant jusqu’à prononcer la formule devenue célèbre au Burkina Faso « Nous n’avons pas peur, les terroristes seront terrorisés ».La désillusion ne va pas tarder à s’installer dans ces deux ministères devant la recrudescence et l’intensification des attaques sans que des réponses satisfaisantes ne puissent être apportées. Les décorations à titre posthume sont devenues certainement a contrario le quotidien de ces ministres.
Beaucoup d’indices montrent que ces ministres n’ont vraiment pas pris la mesure de la gravité de la situation ; nous en voulons pour preuve :
– La lettre de Monsieur le Directeur Régional de la police de l’Est qui montrait le peu d’attention et le peu de sérieux des premiers responsables de ce ministère face aux besoins des hommes sur le terrain : absence de moyens roulants, apathie face aux attaques etc. ; la preuve nous est donnée à travers cet extrait de ladite lettre :« Au sein de nos forces de Défense et de Sécurité, le moral en est affecté du fait de leur moyens très limités en matière logistique et de l’absence de réaction appropriée au niveau central dès le lendemain des attaques. Nonobstant, les activités de sécurisation se poursuivent ».
Alors que la situation est urgente et nécessite des ressources humaines connaissant la problématique sécuritaire et ayant l’assurance nécessaire pour faire transcender les troupes. Le Ministre de la défense nommée depuis février 2017 est apparemment toujours en cours de scolarisation secondaire dans le milieu de la défense. En effet notre ministre de la défense ne sait pas faire la différence entre infanterie et enfantine (jardin d’enfant). Quel leadership peut-il avoir vis-à-vis des troupes ?
« Quand le chirurgien en chef ne sait pas faire la différence entre pinces et ciseaux, du bloc opératoire ne peuvent sortir que des cadavres ».
Du déni de ces deux ministres face à leur échec patent
Face à ce constat d’échec retentissant au-delà de nos frontières, les deux Ministres sus cités devraient avoir à notre sens, l’humilité de rendre leur démission afin que des personnes mieux aguerries pour ce type de mission puissent prendre la relève. Malheureusement, ces deux-là, à l’instar du reste du gouvernement, sont dans le déni total. Face à leur incapacité à apporter une réponse à la hauteur de la menace terroriste, ils se réfugient derrière des arguments éhontés de déstabilisation à mettre à l’actif de l’ancien régime et de l’Opposition politique et républicaine. En clair, le Burkina Faso du Président Roch Marc Christian KABORE est tellement enfoncé dans l’insécurité, que nous nous posons la question de savoir si ce régime a une stratégie à même d’éradiquer cette endémie de terrorisme.
Dans ce contexte nous trouvons pertinente l’initiative des forces vives de la nation, à travers le Chef de file de l’Opposition politique, de réclamer le limogeage des deux ministres. L’Opposition politique est dans son rôle de défendre la veuve et l’orphelin lorsque ceux qui sont chargés de le faire dérogent à leurs responsabilités.
Nous n’avons pas de problème personnel avec les Ministres BOUDA et SAWADOGO en tant qu’individus pour qui nous avons du respect. Cependant force est de reconnaitre qu’ils ne sont pas à la hauteur des missions à eux confiées.
En abondant dans le même sens que les leaders de l’Opposition politique, nous sommes bien distant d’une communication de type invalidante ; au contraire la communication ici doit être plutôt perçue comme dynamisante car de là peuvent être trouvées des solutions idoines qui vont nous permettre de sortir de cette spirale d’attaques terroristes.
L’histoire des grandes nations nous enseigne que celles-ci ont toujours été conduites vers les victoires, par de grands hommes qui avaient en eux le « Dieu Hegelien ». Les exemples de Napoléon Bonaparte, Charles De Gaulle, Thomas Isidore SANKARA, Che Guevara et bien d’autres sont assez illustratifs. S’il est vrai qu’en règle générale et en démocratie, il est souhaitable que les institutions prévalent sur les hommes forts, dans le domaine militaire, la connaissance du milieu, la personnalité du Chef, son leadership (en Anglo-saxon=conduire le bateau) peut être déterminante pour sauver une institution au bord du chaos.
Clairement, notre pays, le Burkina Faso est aujourd’hui tombé dans les profondeurs de l’insécurité, à tel point que l’on peut se demander si le gouvernement est doté d’une vision, une stratégie et une politique à même d’éradiquer le fléau !
L’avenir de notre pays à travers les générations futures doit être au-dessus des intérêts égoïstes des élites politiques.
Thomas SANKARA disait : « je veux qu’on garde de moi l’image d’un homme qui a mené une vie qui aura été utile pour tous ». Nous sommes d’avis avec l’Opposition politique qu’il faut changer les hommes à la tête de ces deux ministères et rendre service à la nation. Au cas échéant, l’histoire retiendra que le Président Roch Marc Christian KABORE a été celui qui a conduit ce pays vers le chaos, celui par qui est arrivé le scandale.
Ouagadougou, le 03 octobre 2018
Pour le Caucus des cadres pour le Changement (3C)
Issouf OUEDRAOGO
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