Dans cette déclaration, l’unité d’action de la société civile (UNAS), affirme que « elle se donnera les moyens d’action possibles pour dénoncer toute tentative de compromettre la CENI pour quelques intérêts que ce soit. »
Depuis un certain temps, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) connaît une crise sans précédent relative à la réforme sur le recensement des électeurs en vue de constituer le fichier électoral et à son mode de management dont les axes forts sont:
Dans un premier temps, l’action des cinq commissaires de l’opposition qui avaient réagi par un mémorandum public dans lequel ils exigeaient une meilleure gouvernance de la CENI. Entre autres points, ceux-ci demandaient :
– l’annulation des marchés passés par le président au moyen du gré à gré;
– le rejet du Code électoral et de la plateforme numérique multicanal de recensement des électeurs ;
– la prise d’un arrêté de fonctionnement interne de la CENI, etc.
Dans un second temps, le rejet par les 14 commissaires de la plateforme numérique multicanal qui devrait être connectée sur la base de données de l’Office national d’identification (ONI).
L’on constate donc, en plus des autres points de revendications de la gestion de la CENI, que la plateforme numérique multicanal se trouve contestée par toute l’Opposition politique, la société civile et vivement rejetée en interne par l’ensemble des commissaires qui affirment qu’il s’agit d’une réforme unilatérale du président, à laquelle ils n’ont pas été associés dans la formulation.
Il est reconnu de manière unanime que la plateforme numérique multicanal est porteuse de dangers pour la stabilité du processus électoral eu égard à la levée de boucliers que celle-ci suscite mais aussi pour le fait qu’elle entretient déjà une grande suspicion des acteurs quant à la fiabilité du fichier ainsi que des élections à venir avec ses différentes implications administratives.
A ce jour, la crise a atteint un seuil assez critique. Le président de la CENI, Newton Ahmed Barry, se retrouve à faire face au collège des 14 autres commissaires qui rejettent unanimement la plateforme et dans un procèverbal publié le mardi 30 octobre 2018, l’acte de retrait du président de la plénière avait été interprété comme une démission.
Un tel désaveu du président de la CENI jette un sérieux doute sur la suite des missions de l’institution dans ce contexte et dans une telle configuration qui n’épargnent ni l’autorité ni la légitimité de son premier responsable.
Les élections sont un moment important dans la vie démocratique d’un pays car c’est l’occasion pour les citoyens de choisir leurs représentants qui ont la charge de conduire leur destin national et d’apporter les solutions à leurs aspirations sociales et morales.
Les élections sont aussi le moment où la compétition politique s’exprime fortement au point que par endroits et dans certains pays, les rivalités s’exacerbent jusqu’à déboucher sur des conflits sociaux qui mettent en péril la paix et la stabilité de la société.
Au demeurant, c’est cette mission constitutionnelle et patriotique de l’organisation d’élections de qualité donnant lieu à des institutions démocratiques fortes et crédibles qui incombe à la CENI et qui appelle le processus y conduisant à devoir être:
– d’une part, consensuel sans clivage ni contestation ;
– d’autre part, source de préservation de la quiétude sociopolitique et de la paix.
Au regard de ce qui précède, l’UNAS estime que la CENI dirigée par le président Newton Ahmed Barry est sur une mauvaise voie et sa mission fondamentale de pacification de l’environnement politique pour des scrutins propres et apaisés acceptés de tous n’est plus possible, faute d’un bon management et en l’absence désormais d’autorité et de légitimité.
Elle appelle les acteurs à tous les niveaux, en particulier les composantes siégeant à la CENI, à tirer toutes les conséquences de la situation actuelle de la CENI et de trouver les alternatives idoines pour permettre une sérénité dans un nouveau processus électoral débarrassé des problèmes de personne.
Toute chose qui saura épargner au Burkina Faso des crises pré-électorales et postélectorales préjudiciables aux Burkinabè, tel que cela a été évitée ces quinze dernières années par les équipes qui se sont succédé à la tête de la commission.
Notre organisation tiendra pour responsable de toute situation de complications à venir, relatives à la CENI, l’acteur ou les acteurs qui n’auraient pas joué leur rôle et pris la bonne décision qui s’impose.
En outre, elle se donnera les moyens d’action possibles pour dénoncer toute tentative de compromettre la CENI pour quelques intérêts que ce soit.
Ouagadougou, le 5 novembre 2018
Pour l’Unité d’action de la société civile
Le président du mois
Alexandre Pagomziri Ouédraogo
Président du MBEJUS.
Yasmine Traoré.
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