Mécontent de la gestion du pouvoir par le régime en place, Olivier Zemba un militant du MPP réagit.
J’aimerais tout d’abord,
souhaiter un bon 5è anniversaire aux camarades du
Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et profiter de l’occasion pour
interpeller nos responsables sur un certain nombre de problèmes qui pourraient
saper l’engagement individuel et collectif de certains militants à un moment
crucial de la vie du parti, si rien n’est fait.
A tous ceux qui nous ont quittés, qu’ils reposent
en paix !
Certains militants avec qui nous avons implanté le
Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) dans les régions ne viennent plus aux
différentes sessions aussi bien du Bureau exécutif national que Bureau
politique national. Pourquoi ne viennent-ils plus ? Il faut courageusement
poser la question et y apporter des réponses.
Sont-ils désorientés, désabusés, frustrés par la
tournure des événements ou tout simplement, ne se reconnaissent-ils pas dans la
gestion de la chose politique par le MPP ?
Oui, posons-nous la bonne question. Car, contrairement à ce que pensent certains camardes, il n’existe pas de question ou de critique stérile. Nous nous sommes battus ensemble pour implanter le parti, avons tous été acteurs lors de l’insurrection populaire d’octobre 2014, de la résistance au putsch du RSP de septembre 2015 et avons tous fait campagne pour le MPP à l’occasion des consultations électorales qui ont consacré la victoire de notre parti aussi bien à la présidentielle qu’aux législatives et aux municipales.
Grâce à cette victoire, nous sommes au pouvoir et un certain
nombre de nos camarades occupent aujourd’hui des postes de responsabilité à
tous les niveaux de l’administration publique.
Ce qui est aujourd’hui navrant, c’est que beaucoup de nos camarades semblent
grisés par les privilèges que leur procure l’exercice du pouvoir d’Etat. Par
des comportements inappropriés, disons-le clairement, arrogants et
irrespectueux, ils insultent la conscience militante des camardes que nous
sommes et celle du peuple. En ont-ils conscience ?
Il faut que nous parlions franchement de ces questions, car
refuser d’en débattre dans nos instances, faire la politique de l’autruche,
c’est prendre le risque de transférer le débat dans d’autres enceintes dont le
contrôle nous échappe.
Camarades militants MPP, soyons un petit peu sérieux ! Dans le combat
politique, il y a souvent tout et n’importe quoi, mais n’oublions jamais
l’exigence d’éthique à laquelle nous devons nous astreindre, sachant que nous
sommes arrivés au pouvoir avec l’engagement de faire les choses autrement.
Comment voulez-vous que les militants comme nous, membres du BPN, puissions
défendre certaines orientations du parti si on ne nous associe pas ?
Le débat interne est un impératif politique qui doit orienter les grandes
décisions à prendre de façon concertée. Sinon, à quoi sert le BPN si la gestion
de la chose politique est basée sur la pensée unique, un mode de fonctionnement
et de raisonnement tant décriée sous Blaise Compaoré ? Nous ne sommes pas de simples
figurants encore moins des faire-valoir !
Camarades militants MPP, j’ai entre les mains la déclaration des 75
démissionnaires du CDP dans laquelle ils expliquent, entre autres, que leur
départ est dû au manque de démocratie et de débat interne.
Hélas, ces mêmes causes existent aujourd’hui dans notre
maison MPP et peuvent conduire aux mêmes effets. Veillons-y !
Camarades militants MPP, nous ne sommes pas contre l’ouverture ; bien au
contraire. Mais le MPP dispose d’un capital humain, de compétences et d’expertises
à sa disposition. Pourquoi, diable, va-t-on en chercher ailleurs ce qui existe
à la maison ? Les militants et cadres MPP sont-ils des incapables et des nuls ?
Nous voulons juste comprendre, sinon cette manière de faire apparaît comme une
forme de copinage et de népotisme qui ne dit pas son nom.
Déjà en mai 2016, nous avons attiré l’attention de nos dirigeants sur des
comportements et pratiques susceptibles de saper la dynamique du parti, mais
malheureusement, nous avons été taxés d’intellectuels aigris !
Camarades, nous sommes venus au MPP librement et avec cette conviction forte
que les choses allaient profondément changer et que des comportements décriés
sous Blaise Compaoré et son CDP allaient cesser.
Des camarades ont fait leur mea-culpa, d’autres se sont illustrés avec des formules alambiquées pour demander pardon au peuple sur leur passé. Après l’insurrection populaire, des militants du CDP et d’autres venus d’ailleurs et des citoyens parfois apolitiques nous ont rejoints. Résultat, on s’est retrouvé dans un panier à crabes à gérer, ce qui, j’en conviens, n’est pas une mince affaire !
Mais je suis convaincu que nous pouvons faire la politique autrement en marquant une rupture nette avec un passé récent, tout simplement parce que la mal gouvernance n’est pas une tare irréductible.
Naïveté ? Peut-être pas. Juste que nous croyons que notre pays mérite mieux que ce qui est donné à voir dans l’espace public actuellement, et que l’avenir de notre pays ne saurait être accommodé à des plans de carrière individuels.
Olivier Zemba
Docteur en Psychologie ; enseignement à l’Université Norbert Zongo (Koudougou)
Membre du Bureau politique national du MPP.
Yasmine Traoré.
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