Plus de deux ans après son départ aux Etats-Unis, la déferlante mondiale #Metoo a fini par atteindre le très conservateur royaume africain d’Eswatini, où la justice a pour la première fois poursuivi un homme pour le viol de son épouse.
Cette semaine, Nhlanhla Dlamini, 34 ans, a été arrêté puis inculpé pour une relation sexuelle non consentie avec sa femme, en vertu d’une loi en vigueur depuis 2018 qui réprime les violences faites aux femmes.
Le suspect a été remis en liberté contre une caution équivalente à 3.000 euros. “C’est le premier cas (de ce type) officiellement enregistré et examiné lors d’une audience”, s’est félicitée auprès de l’AFP Slindelo Nkosi, une porte-parole du Groupe d’action du Swaziland contre les abus (SWAGAA).
Aux termes de la loi de 2018, les auteurs de violences faites aux femmes risquent une peine maximale de vingt ans de prison qui peut être étendue jusqu‘à trente ans en cas de récidive.
L’inculpation de M. Dlamini a fait grand bruit dans la très patriarcale dernière monarchie absolue du continent.
Au pouvoir depuis 1986, le roi Mswati III, qui a 14 femmes et plus de 25 enfants, y est décrié pour sa poigne de fer, ses frasques et son train de vie fastueux, alors que les deux-tiers du million et demi de ses sujets vivent sous le seuil de pauvreté.
La loi vivement critiquée dans le royaume
La nouvelle législation contre les violences fondées sur le genre suscite de vives critiques dans le royaume.
“Cette loi s’oppose aux valeurs de notre culture swazi”, a regretté auprès de l’AFP Sabelo Mahlangu, un homme d’affaires marié. “Une femme que j’ai épousée et dont j’ai payé la dot selon nos coutumes ne peut pas dire à son mari qu’il l’a violée”, a-t-il insisté, “c’est n’importe quoi”.
Sa position, catégorique, a été largement partagée sur les réseaux sociaux ces derniers jours. A contre-courant, Sizakele Langa, divorcée et mère de deux enfants, s’est réjouie que la loi s’attaque enfin “aux hommes qui ont pris l’habitude d’abuser des femmes en toute impunité”.
Elle a confié à l’AFP avoir été régulièrement abusée par son ex-époux. “Personne dans ma famille n’aurait accepté que je dise que mon mari me violait, et la police ne m’aurait jamais crue”, a-t-elle déploré.
Les statistiques de la police locale ont révélé en mai dernier avoir enregistré 2.900 actes tombant sous le coup de la loi pendant les sept mois qui ont suivi son entrée en vigueur.
AFP
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