Attaque de Djibo : Absence de réaction des Forces militaires Présentes.

La ville de Djibo a connu une nuit de cauchemar hier jeudi suite à une incursion de terroristes dans le cœur de la ville pour s’attaquer à la brigade de gendarmerie carbonisée après le passage des criminels.
Ce n’est pas l’attaque qui surprend aujourd’hui puisque la guerre est déclarée dans la zone et l’on se prépare après une attaque à faire face à la prochaine.

Il existent en revanche des faits qui surprennent car s’opposant à la logique.:

– Le mot incursion a tout son sens ici. Car les terroristes ont traversé Djibo autour de 21h pour atteindre leur cible située au cœur de la ville,

– Les terroristes ont libérés leurs complices qui étaient détenus au sein de la gendarmerie avec précision ce qui laisse croire qu’ils avaient le renseignement,

– La ville de Djibo est l’épicentre du dispositif contre et anti terroriste du Sahel avec la présence du Groupement des forces anti terroristes (GFAT). Il convient donc d’expliquer comment la ville est aussi poreuse pour être prenable en ces points névralgiques comme la brigade qui est une base militaire. Cela rappelle l’attaque de l’Etat Major des armées le 02 mars 2018 au cœur de Ouagadougou,

– L’attaque aurait duré plus de trois quarts d’heure. Et le hic c’est que les terroristes semblent repartis pénaux avec leur butins de guerre à savoir un grand nombre de prisonniers emportant non seulement les preuves des enquêtes mais également les présumés auteurs des crimes d’actes terroristes antérieurs.
L’incendie des locaux, des ordinateurs et autres va certainement effacer des traces et compliquer la tâche aux enquêteurs,

– Plus étonnant demeure l’absence selon plusieurs avis de réaction des forces militaires présentes à Djibo. Attitude qui si elle est vraie témoigne non pas du manque de solidarité entre forces mais de la torpeur imposée aux FDS par l’effet des mines sur lesquelles elles tombaient en allant en renfort. Aujourd’hui nos forces de la résignation semblent réduites à adopter la posture malgré elles mêmes de la « non assistance » comme principe de précaution et de survie dans cet enfer.

Au regard de ce qui précède il est plus qu’évident qu’il y a véritablement problème. En plus des questions de moyens nous sommes présentement face au problème encore plus sérieux de la guerre psychologique. La guerre c’est comme le football: c’est avant tout le moral.

Et l’aspect psychologique de la guerre n’est pas seulement militaire et ne peut pas se solutionner au niveau des hommes sur le terrain uniquement. Ni par de petites réformes et motivations financières ni par des discours pompeux de patriotisme creux.

Pour booster le moral des troupes et les galvaniser certaines choses sont indispensables :

– Il faut un véritable engagement au sommet. Il faut que les officiers supérieurs et généraux donnent l’exemple sur le terrain en faisant preuve de bravoure en s’exposer à la mort aux côtés des jeunes soldats. Pour ce faire, il faut installer un État-major digne de ce nom à Djibo qui installera des officiers de tout rang dans la zone.

– il faut que politiquement les décisions qui méritent d’être prises soient prises en dehors de tous calculs et autres considérations personnelles et politiciennes. Dans ce sens, les ministres Bouda et Clément devraient être changés.

– Il faut qu’au niveau politique les choses changent et que les torpeurs ou turpitudes cessent. C’est scandaleux d’entendre dire que le ministre de La Défense pose des doléances pour partir ou qu’à la suite des exigences de l’opposition les communicants de la présidence du Faso trouvent nécessaire de voler au secours en fabriquant une interview pour minimiser l’urgence du départ d’un ministre sur qui repose la survie nationale.

Ces ministres peuvent bien faire valoir leurs compétences dans d’autres départements ministériels.
Pourquoi les garde -t-on s’ils sont inefficaces alors que de ce qu’ils font ou ne sont pas capables de faire dépend des vies et la stabilité du pays?

Il en est de même pour le commandement. Les chefs et autorités militaires qui présentent des faiblesses doivent aussi céder la place.

En tout état de cause, ce qui s’est passé à Djibo est certes analysable au plan purement militaire mais il va aussi au-delà. On ne peut pas continuer de se mettre le doigt dans l’œil tout en feignant de présenter les choses comme il se doit de manière véridique.

L’armée burkinabé n’est pas différente des autres dans le monde. Elle doit évoluer comme les autres en prenant en compte les facteurs humains, matériels, logistiques et politiques qui confèrent à toute armée sa force et son efficacité. Qu’on arrête donc de se lamenter et de chercher à justifier la complaisance et le laxisme.

Si l’on envoyait les Marines américains dans le contexte précaire de l’armée burkinabé actuelle ces militaires américains craints sur toute la planète se feront terrorisés malheureusement comme nos braves FDS.

Le chef suprême des armées et président du Faso doit décider d’agir au nom de la sauvegarde des intérêts supérieurs du Burkina Faso.

A bon entendeur salut!

Source: Le Soir

Yasmine Traoré.

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